22 janvier 2004

Ôdieux

Je suis retourné voir le Sage. Il se berçait devant la grande fenêtre de son appartement, les deux yeux rivés sur la ville où tout le monde s'affairait.


-- Je ne vous dérange pas!


-- Non. Je regardais seulement le temps passer.


-- Et...


Il se retourna vers moi et continua à parler :


-- En mon temps, on nous apprenait que Dieu était partout; et nous aimions l'imaginer prendre toutes sortes de formes plus insolites les une que les autres...


Il se mit à se bercer plus vigoureusement, comme pour faire s'amplifier les craquements de sa vieille chaise sur le plancher presque neuf.


-- Aujourd'hui, ce sont les annonces publicitaires de toutes sortes de produits qui sont partout, sans que nous ayons besoin de les imaginer... Dieu, on n'a plus besoin de l'imaginer, on peut l'acheter.


Son regard se porta de nouveau vers la fenêtre, qui semblait exercer sur lui un pouvoir de fascination.


-- Je dois vous laisser; mais je reviendrai.


Il me salua d'un signe de la tête et je le quittai pour m'enfoncer dans la ville où tout le monde s'affairait.


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